Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Jeudi noir sur la planète. Ce jour-là, quatre avions de ligne s'écrasent aux quatre coins du globe. Troublante coïncidence, d'autant que sur trois des quatre sites de la catastrophe, les secouristes découvrent un rescapé. Chaque fois, il s'agit d'un enfant et chaque fois, sa survie tient du miracle. La presse internationale s'empare de l'événement, il n'est bientôt plus question que des " Trois " et les spéculations à leur sujet vont bon train. Certains fanatiques religieux voient même en eux l'incarnation des cavaliers de l'Apocalypse, à ce détail près qu'ils devraient être quatre... Y aurait-il un quatrième survivant ? Dans le même temps, les familles qui ont recueilli les enfants sont confrontées à des événements étranges. Alors qui sont au juste ces enfants ? Et que veulent-ils ? Un thriller glaçant mené de main de maître par une jeune auteure virtuose.
Extrait
CELA COMMENCE AINSI
Allez, allez, allez...
Pam ne quitte pas des yeux le voyant de la ceinture de sécurité et prie pour qu'il s'éteigne. Bientôt elle ne pourra plus se retenir, et c'est tout juste si elle n'entend pas Jim lui reprocher de n'avoir pas pris ses précautions avant de monter à bord : Tu sais que tu as la vessie sensible, Pam, à quoi est-ce que tu pensais ?
À dire vrai, elle n'a pas osé aller aux toilettes à l'aéroport, de crainte de se retrouver devant une de ces cuvettes futuristes dont parlait le guide et de ne pas savoir tirer la chasse. Ou encore de s'enfermer par erreur et de manquer son vol. Dire que Joanie lui a suggéré de passer quelques jours à Tokyo pour faire un peu de tourisme avant de reprendre sa correspondance pour Osaka ! À la simple idée d'arpenter seule des rues étrangères Pam a les mains moites ; l'aéroport a déjà été bien assez déroutant. Secouée, la peau grasse, après son vol en provenance de Fort Worth, elle s'est fait l'effet d'une géante molle en gagnant d'un pas traînant le Terminal 2 d'où partait sa correspondance. Tous les autres passagers irradiaient l'efficacité et l'assurance ; des corps secs et vigoureux la dépassaient dans un essaim de bagages balancés à bout de bras et de visages cachés derrière des lunettes de soleil. C'est consciente de tous ses kilos en trop qu'elle s'est hissée à grand-peine dans la navette, rougissant dès qu'on regardait dans sa direction.
Il y avait, Dieu merci, beaucoup d'Américains à bord de l'avion pour Tokyo (le gentil petit garçon assis près d'elle lui a patiemment appris à se servir du système vidéo) mais, sur ce nouveau vol, à son grand dam, elle est consciente d'être la seule... comment dit-on, déjà ? Le mot qu'on emploie toujours dans les séries policières que regarde Jim ? Caucasienne, voilà. Et les sièges sont bien plus étroits : elle est engoncée dans le sien comme une sardine dans sa boîte. Au moins, il y a une place libre entre elle et le type aux allures d'homme d'affaires assis près de l'allée - elle n'aura pas à craindre de lui donner un coup de coude par accident. Il lui faudra cependant le déranger quand elle ira aux toilettes, bien sûr. Et, Seigneur ! on le dirait en train de s'endormir, si bien qu'elle devra le réveiller.
L'avion continue de prendre de l'altitude et le voyant de briller. Pam regarde la nuit par le hublot. En discernant la lumière rouge clignotante de l'aile à travers le nuage, elle empoigne l'accoudoir de son siège et sent vibrer dans sa chair les entrailles de l'appareil.
Jim avait raison : elle n'a pas encore atteint sa destination et, déjà, l'entreprise se révèle au-dessus de ses forces. Il l'a avertie qu'elle n'était pas taillée pour de longs voyages, il a tenté de la convaincre que c'était une mauvaise idée : Joanie peut rentrer quand elle veut, Pam, pourquoi t'embêter à lui rendre visite à l'autre bout du monde ? Et pourquoi veut-elle donner des cours aux Asiatiques, d'abord ? Les enfants américains ne sont pas assez bien pour elle, peut-être ? En plus, Pam, tu n'aimes même pas la cuisine chinoise : comment vas-tu