Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Que feriez-vous si certains de vos proches, de vos amis, de vos voisins, disparaissaient soudain en même temps, en une fraction de seconde ? Sans aucune explication ? Pourriez-vous continuer à vivre comme si de rien n'était ? C'est la question que se posent les habitants de Mapleton. Même s'ils n'ont pas été touchés directement, Kevin, le nouveau maire, sa femme Laurie et leurs deux enfants, Tom et Jill, se débattent pour retrouver un sens à leur vie. Laurie part rejoindre une secte de " pénitents ", Tom un groupe d'illuminés hippies, et Jill, autrefois lycéenne modèle, se livre à tous les excès. Peut-on faire son deuil quand l'autre disparaît sans raison ? Une chronique décapante et émouvante, un portrait sans concession mais humaniste de gens ordinaires dépassés par un extraordinaire bouleversement. " Perrotta a prouvé qu'il était passé maître dans l'art de chroniquer la vie des banlieues américaines. Il franchit encore un cap avec Les Disparus de Mapleton, un roman profondément touchant et drôle qui se lit d'une traite. "Marie Claire USA " Le Nick Hornby américain. "Newsweek
Extrait
Extrait du prologue
Laurie Garvey n'avait pas été élevée dans la croyance au Ravissement. Elle n'avait pas été élevée dans la croyance en grand-chose à dire vrai, sinon en l'ineptie de la croyance elle-même.
Nous sommes agnostiques, disait-elle à ses enfants, à l'époque où, encore petits, ils cherchaient à se définir par rapport à leurs amis catholiques, juifs, ou protestants. On ne sait pas s'il y a un dieu, et personne ne le sait, d'ailleurs. Certains disent peut-être qu'ils savent, mais en fait ils n'en savent rien.
La première fois qu'elle avait entendu parler du Ravissement, elle commençait ses études et suivait un cours intitulé «Introduction aux Religions du Monde». Le phénomène décrit par l'enseignant lui avait fait l'effet d'une blague - des hordes de chrétiens flottant hors de leurs habits, s'élevant dans le ciel à travers le toit de leurs maisons et de leurs voitures pour rejoindre Jésus ; les autres, debout, bouche bée, se demandant où toutes les saintes personnes avaient disparu. La théologie continuait à lui paraître obscure, même après avoir lu la section de son manuel consacrée au «Dispensationalisme prémillénaire», tout ce charabia à propos d'Armageddon, de l'Antéchrist et des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse. Cela lui apparaissait comme du kitsch religieux, d'aussi mauvais goût qu'une de ces peintures sur velours noir, le genre de fantaisies appréciées des gens qui mangeaient trop de friture, donnaient des fessées à leurs gosses, et qui ne voyaient rien à redire à la théorie selon laquelle leur dieu plein de bonté aurait inventé le sida pour punir les homosexuels. Parfois, dans les années qui suivirent, il lui était arrivé d'apercevoir quelqu'un en train de lire l'un des volumes des Survivants de l'Apocalypse, à l'aéroport ou dans un train, et de ressentir une légère pitié, voire une certaine tendresse pour le pauvre gogo qui n'avait rien de mieux à lire, et rien de mieux à faire que d'être assis là, à rêver de la fin du monde.
Et puis cela eut lieu. La prophétie biblique s'accomplit, du moins partiellement. Des gens disparurent, des millions de gens au même instant, dans le monde entier. Il ne s'agissait pas de l'une de ces anciennes rumeurs - un mort ressuscitant dans l'Empire romain -ou l'une de ces légendes locales et poussiéreuses, comme celle de Joseph Smith découvrant des tablettes dorées quelque part dans l'État de New York et conversant avec un ange. Cette fois, c'était vrai. Le Ravissement était arrivé, dans sa ville, à la fille de sa meilleure amie, entre autres, alors que Laurie se trouvait chez elle. L'intrusion de Dieu dans son existence n'aurait pas pu être plus claire s'il s'était adressé à elle depuis une azalée en flammes.
Du moins c'est ce qu'on aurait pu penser. Et pourtant elle parvint à nier l'évidence pendant des semaines et des mois, s'agrippant à ses dou