Après le triomphe de sa trilogie onirique 1Q84, le maître japonais de l'illusion Haruki Murakami renoue avec le réalisme dans son nouveau roman, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, balade intimiste et grave au pays de la nostalgie.

Murakami a écrit là un roman qui réunit pratiquement tout ce qui fait la force de son oeuvre, mais sur un mode mineur, comme pour rappeler que toute vie comporte sa part d'étrangeté.

Un roman réaliste, qui tranche avec les récits fantaisistes qui ont fait la renommée de l'auteur.

Haruki Murakami revient avec un roman-parcours désespéré et optimiste.

Le treizième roman d'Haruki Murakami est comme ça, il laisse dans son sillage une musique, celle qu'il fabrique avec les mots. Une musique toute simple, empreinte d'un mélange de mélancolie et de joie.

Murakami revient au réalisme lyrique: un homme, une femme, des blessures intimes et une mélancolie sous-jacente, cernant magnifiquement ces sentiments inexpliqués qui étreignent le cœur. On en sort étrangement apaisé.

Œuvre mélodieuse, «#8201;L’Incolore Tsukuru Tazaki…#8201;» est aussi un livre de peintre. De l’Empire du Soleil Levant aux lumières du Nord de l’Europe, chaque description déroule une palette savante, étonnant assemblage de teintes et de textures.

Son roman est composé comme la partition de Liszt, ses phrases simples et pudiques rappellent le phrasé lent et dépouillé du piano joué à une seule main, les jeux de miroirs entre les personnages évoquent les motifs répétitifs et lancinants de la mélodie lisztienne.