Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Femme mariée au plus doux des hommes, mère de famille comblée et célèbre propriétaire de la seule agence de détectives du Botswana, Mma Precious Ramotswe avait tout pour être heureuse. Jusqu'à ce que Mma Botumile, " la femme la plus déplaisante du Botswana ", pousse la porte de l'Agence pour une affaire de mari volage... Voilà que soudain son mari, Mr J.L.B. Matekoni, décide de s'improviser enquêteur tandis que Mma Makutsi, récemment fiancée, semble préférer le shopping à son travail. Voudrait-elle quitter son poste d'assistante-détective ? C'est alors qu'un nouveau client se présente : des morts étranges sont survenues à l'hôpital de Mochudi, toujours un vendredi, dans le même lit, à la même heure... Voilà de quoi faire oublier à Mma Ramotswe les petits soucis du quotidien !
Extrait
Une personne très déplaisante
Il est très utile pour une femme - tout le monde ou presque s'accorde sur ce point - de se réveiller avant son mari. Chaque matin, Mma Ramotswe se levait une heure avant Mr. J.L.B. Matekoni, ce qui est une bonne chose, puisque cela permet à l'épouse d'accomplir au moins quelques-unes des tâches de la journée. Cela se révèle d'autant plus important pour celles dont le mari se montre irritable au réveil. Et à ce qu'on dit, ils sont nombreux dans ce cas, trop nombreux. En se levant avant eux et en commençant à s'activer, leurs femmes les laissent épancher leur mauvaise humeur à loisir dans leur coin. Non que Mr. J.L.B. Matekoni eût jamais appartenu à cette catégorie d'époux : c'était au contraire le plus facile à vivre et le plus affable des hommes, quelqu'un qui n'élevait jamais la voix, sauf en présence des deux insupportables apprentis du Tlokweng Road Speedy Motors, parfois. Il faut dire que même l'individu le plus placide du monde ne pouvait qu'élever la voix face à de tels incapables. Une vérité démontrée par Mma Makutsi, qui s'emportait contre eux pour les motifs les plus anodins, voire pour de simples questions qu'ils posaient l'un ou l'autre - par exemple, s'ils demandaient l'heure.
- Pas la peine de crier ! protestait alors Charlie, le plus âgé. Je vous ai juste demandé l'heure ! Pas la peine de me hurler Quatre heures comme ça dans les oreilles ! Vous croyez que je suis sourd ?
Mma Makutsi lui tenait tête.
- C'est que je te connais, va ! rétorquait-elle. Quand tu demandes l'heure, c'est parce que tu en as assez de travailler. Tu veux que je te réponde cinq heures, pas vrai ? Comme ça, tu pourras tout laisser en plan et te précipiter dehors pour retrouver je ne sais quelle fille ! Je n'ai pas raison ? Ne prends pas cet air choqué, je sais ce que je dis.
Mma Ramotswe songeait à nouveau à ces altercations tandis qu'elle s'extirpait du lit, puis s'étirait. Un coup d'oeil derrière elle lui révéla la masse inerte de son époux, dont la tête se dissimulait sous l'oreiller. Il aimait dormir ainsi, comme pour tenir à distance le monde et son vacarme. Elle sourit. Mr. J.L.B. Matekoni parlait souvent dans son sommeil. Il ne prononçait pas de phrases complètes, contrairement à l'une des cousines de Mma Ramotswe, avec qui elle partageait sa couche quand elle était petite, mais des mots isolés ou des expressions qui donnaient une idée du rêve dans lequel il était plongé. Ainsi, alors que Mma Ramotswe, à peine sortie du sommeil, regardait le jour naître derrière les rideaux, avait-il articulé tambour de frein. Voilà de quoi il rêvait ! avait-elle songé une fois de plus. Voilà ce qui peuplait les rêves de garagistes : freins, embrayages, systèmes d'allumage... Bien des femmes eussent donné cher pour figurer dans les rêves de leur mari, mais non. C'était de voitures, semblait-il, que rêvaient les hommes.
Biographie de l'auteur
Ressortissant britannique né en 1948 au Zimbabwe, où il a grandi, Alexander McCall Smith vit aujourd'hui à Édimbourg et exerce les fonctions de professeur de droit appliqué à la médecine. Il est internationalement connu pour avoir créé le personnage de la premièr