Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Besson revisite le roman épistolaire avec une élégance d'une rare maîtrise. Sur un thème universel (la séparation), il propose une invitation au voyage, un témoignage sur la violence invisible de la rupture amoureuse, et une ode à l'écriture qui sauve.
Lorsque l'homme qu'elle aime la quitte pour une autre femme, Louise décide de fuir Paris. Mais ni le voyage ni l'exotisme de Cuba ne suffisent à dissiper son chagrin, à détourner ses pensées de son amant. Afin de garder un contact avec lui, aussi dérisoire et masochiste soit-il, Louise décide alors de lui écrire une série de lettres, comme on lance des bouteilles à la mer. Depuis La Havane, New York, Venise, l'Orient Express et même Paris où s'achève son exil, naît une correspondance à une voix, implacablement honnête et poignante. S'y succèdent souvenirs des temps heureux, prémisses de la rupture, déchirement de l'abandon, désespoir de la solitude. Bientôt, l'évidence s'impose à Louise : la véritable destinataire de ces lettres n'est autre qu'elle-même. Tout au long de ce processus, se dessine alors la possibilité d'une guérison... Philippe Besson aime à s'imposer des contraintes formelles pour donner un cadre à ses fictions. En se réappropriant le genre du roman épistolaire, il fait de chaque lettre une méditation sur l'amour, le couple, le manque de l'absent, la solitude nécessaire à la reconstruction de soi... Et démontre que tout travail de deuil passe nécessairement par les mots. Au style singulier de Besson, tout à la fois dense et lyrique, s'ajoute l'admirable capacité à épouser une sensibilité féminine. Par ce roman optimiste, l'auteur d'Un instant d'abandon rompt volontairement avec la noirceur de ses derniers écrits.
Extrait
Clément,
J'ai décidé de t'écrire, plutôt que rien.
Plutôt que rester là, comme ça, dans le silence.
Que je te dise : je me suis honnêtement, sérieusement essayée au silence, je l'ai endossé comme on se glisse dans un vêtement, je m'y suis livrée comme on accepte une astreinte. Je l'ai fait d'abord pour moi, ne t'y trompe pas, c'était un choix égoïste, même s'il m'a coûté. En fait, j'ai pensé que cela me sauverait. Mais le rien-dire ne sauve pas, enfin disons que, moi, il ne m'a pas sauvée. Je crois même qu'il m'a enfoncée un peu plus dans la tristesse, le chagrin. Pour être tout à fait honnête, il m'a dévastée parce qu'il est peuplé d'images, le silence, de souvenirs impossibles à chasser, telles ces mouches importunes qui tournent autour du visage, qu'on tente d'éloigner avec de grands mouvements des bras, et qui toujours reviennent. Et puis, dans le silence, on est sans défense : les assauts n'en sont que plus blessants.
Alors maintenant, j'essaie les mots, ça ne pourra pas être pire. Qui sait si, en parlant, je ne vais pas me délester de la douleur entassée ? Un peu.
Pourquoi t'écrire à toi, me diras-tu ? Mais parce que des paroles sans destinataire ne sont pas vraiment des paroles. Sans écho, elles se perdent. C'est comme si elles n'avaient jamais existé. C'est écrire au vent, au désert, à l'abîme. Si personne ne m'écoute, autant continuer à me taire. Quelqu'un doit m'écouter. Et qui mieux que toi ?
Oui, qui mieux que toi ?
Revue de presse
Histoire classique, en effet, que cette rupture amoureuse...
Et pourtant. Encore une fois, la magie bessonienne fait mouche. Comme son héroïne, l'auteur des Jours fragiles et d'Un instant d'abandon cisèle le détail, ausculte les passions, trouve les mots justes...
Fascinant Besson. Capable d'empathie absolue, d'investissement total dans le «je» féminin. A croire que l'homme quitté connaît les mêmes affres que la femme.. (Marianne Payot - L'Express du 4 janvier 2007 )
Mais Louise, la narratrice, ne se résout pas aux adieux, contrairement à ce que laisse entendre le titre de ce roman. Cela donne une longue série de lettres - près de deux cents pages au total - écrites par une femme qui souffre d'avoir été quittée, dit son incompréhension, puis,