Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Education des enfants, carrières, inégalités salariales, accès au pouvoir... Si la femme a bel et bien été libérée dans les années 1970, les mères, elles ne le sont toujours pas ! Un état des lieux à la fois révoltant et galvanisant de leur situation actuelle.
Les années 70 ont permis l'émancipation des femmes. Les années 2000 ont mis les mères sous tutelle. Dès la maternité, les injonctions surgissent de tous les côtés : " bons conseils " de l'entourage, recommandations du corps médical, des " spécialistes de l'enfance " qui ne cessent de se contredire... Et lorsque l'enfant grandit, la pression s'intensifi e. Les stéréotypes autour de la " bonne maman " restent en effet bien ancrés dans une société qui veut nous transformer en mère à tout faire. C'est au travail que cette pression est la plus forte : si le " présentéisme " auprès de sa progéniture est vivement recommandé – " prenez votre mercredi ! " –, il l'est aussi auprès de son patron – " faites comme si vous n'aviez pas d'enfants ! ". Les auteures ont interrogé sociologues, philosophes, psychologues, législateurs et, surtout, rencontré des mères de tous horizons, de la jeune accouchée dépassée à la politicienne qui storytellise sa maternité à défaut de pouvoir l'assumer. Un constat : au XXIe siècle faire des enfants pèse sur le destin professionnel et social d'une seule catégorie de parents, les femmes. Un mot d'ordre : mères, libérez-vous ! Une enquête inédite galvanisante.
Extrait
Extrait de l'avant-propos
Ah, qu'elle est belle la natalité française, surtout si on la compare à celle de nos voisins ! Une statistique, 2,03 enfants par femme, contre 1,36 en Allemagne, a longtemps fait croire que pour une Française avoir des enfants est facile, voire agréable, voire épanouissant. Il n'en est rien. Nous le savons parce que nous le vivons : élever ses enfants en assumant ses ambitions professionnelles est un sport de combat.
Un mythe tenace est ainsi attaché à la natalité française. Même quand tout va mal, même quand la France compte parmi les pays les plus pessimistes au monde, notre taux de natalité demeure l'un des indicateurs que nos hommes politiques portent en écharpe. Bien sûr, les chiffres de la balance commerciale allemande nous semblent mirifiques, certes, le déficit français se creuse, mais dormez tranquilles braves gens, la France reste LE pays où l'on fait des enfants.
Comment expliquer cette épidémie de bébés, quand dans le reste des pays développés les taux de fécondité ont chuté depuis les débuts de la crise en 2007 ? Nos politiques familiales et sociales favorisent la fécondité des Françaises, répond l'Ined (l'Institut national d'études démographiques). La fiscalité est favorable aux familles, à partir de deux enfants les ménages sont aidés, et l'accueil des moins de 6 ans est mieux structuré qu'en Allemagne... où celles qui osaient laisser leurs enfants en nourrice étaient encore traitées de «mères corbeaux» au début des années 2000. La vie des mères françaises actives serait donc beaucoup plus facile qu'ailleurs. Alors, de quoi se plaint-on ? La légende dorée de la maternité à la française commence ici.
La jeune mère, qui selon la règle doit reprendre le travail deux mois et demi après l'accouchement, ignore en effet dans quoi elle s'engage. Elle apprendra par exemple que rares sont les crèches qui accueillent des enfants âgés de moins de 3 mois. D'après l'Observatoire national de la petite enfance, seuls 15 % des moins de 3 ans sont accueillis en crèche collective : dans les faits, donc, plus de la moitié des tout-petits n'ont aucune solution de garde. Les écoles maternelles, que Dieu les bénisse, accueillent 95 % des enfants de 3 à 6 ans... encore faut-il pouvoir être à la sortie à 16 h 30 ou 18 h 30. Pour un enfant c'est tard, mais pour qui travaille, cela reste tôt.
La variable d'ajustement de ce casse-tête quotidien demeure, aujourd'hui encore, la mère. C'est elle qui se rend très majoritairement di