Fiche technique
- Titre : 183 jours dans la barbarie ordinaire: En CDD chez Pôle emploi
- Auteur : Marion Bergeron
- Langue : Français
- Format : Broché
- Nombre de pages : 240
- Genre : ÉCONOMIE, ENTREPRISE, FINANCE, INDUSTRIE
- Date de publication : 07-10-2010
- Édition : Plon
- Poids : 0.32 kg
- Dimensions : 14.2 x 2.2 x 22.6 cm
- ISBN-10 : 2259212700
- ISBN-13 : 9782259212700
Résumé
Embauchée en CDD chez Pôle Emploi, une jeune femme de 25 ans raconte. Plongée au cœur de la crise, récit du naufrage de l'administration, immersion dans la violence quotidienne, tableau d'une jeunesse brisée par le travail précaire... Le juste reflet de la réalité crue.Avril 2009, France, banlieue parisienne. Au cœur de la crise qui explose, une jeune femme franchit la porte de Pôle Emploi, fraîchement embauchée par ce nouvel organisme qui se charge de l'indemnisation et du conseil des chômeurs. Plongée dans les entrailles du système, les deux mains dans la boue, elle raconte l'envers du décor. La violence de la misère. L'apprentissage de l'impuissance. Le naufrage d'une administration qui détruit, sans remords, ses usagers et son personnel. Prisonnière de son guichet d'accueil, méprisée et épuisée, elle raconte ce travail qui balaie sa vie privée, emporte ses principes et brûle ses dernières illusions. Ce livre n'est pas une compilation d'anecdotes. Ce n'est pas un ultime état des lieux du marché de l'emploi et de l'Administration française. C'est le récit de six mois de travail précaire. Une réalité crue, bouillonnante de souffrance et de désespoir. Bienvenue en enfer. Bienvenue à Pôle Emploi.ExtraitLe métro, deux changements, la dernière station de la ligne, marcher le long de la grande route, trois commerces désaffectés, un immeuble à démolir, une station-service, un ivrogne qui tente de m'agripper, un fleuriste spécialisé dans les compositions funéraires, un grand immeuble sale, un porche en béton et un autocollant ANPE détrempé. J'entre. Une lumière jaune étouffante et des cris. Une grosse femme, énorme, engoncée dans un manteau en plastique noir trop petit, fait de grands moulinets avec ses bras. Sa figure rouge aboie des insultes à toute l'assistance. Elle ne veut pas s'en aller. Elle veut faire ses photocopies. Les agents de l'ANPE ne sont que des imbéciles, et elle veut qu'ils le sachent. Elle braille et se démène, attrape le poignet d'une jeune femme qui lui demande de sortir. Elle hurle. On lui hurle dessus. «Allez-vous-en ! Ça suffit !» Je reste figée au milieu de la pièce. C'est mon premier jour. Je viens de passer la matinée à regarder les aiguilles de la pendule tourner au siège des ressources humaines de Pôle Emploi. Et me voilà, dans mes nouveaux bureaux, dans la banlieue sud de Paris, plantée entre une folle hurlante, deux ou trois badauds et mes collègues furibonds, avec, sur le dos, un tailleur pantalon de viscose noire beaucoup trop chic. L'espace d'un instant. Quelques secondes à peine. J'hésite. Si je m'enfuis. Maintenant. Personne ne le saura. Personne ne m'en voudra. Mais on me demande déjà qui je suis. Et l'on tombe des nues d'apprendre qu'il y a une nouvelle recrue. Personne n'est au courant, pas même la directrice adjointe. Je débarque donc, comme un cheveu sur la soupe, entre une rixe et l'indisponibilité de mes collègues. Marine prend l'initiative. Petite, rousse, jeune, jean délavé et tee-shirt bleu ciel trop grand. Elle me fait signe de la suivre et je pénètre la partie «privée» de l'agence. Même lumière jaune. Bureau après bureau, elle me présente. Sourires gênés. Regards en coin. «La pauvre, elle est arrivée en plein milieu du clash à l'accueil.»
À propos de l'auteur
Marion Bergeron
25 ans, mi-parisienne, mi-banlieusarde, graphiste, précaire, étudiante, chômeuse, free-lance, Marion Bergeron est à l'image de la jeunesse française : énergique et motivée, mais trop jeune pour le marché du travail. Contrainte de composer entre son projet professionnel et le règlement de son loyer, elle a postulé chez Pôle Emploi presque par hasard, sans trop y croire. Pour six mois de CDD.
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