Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Comme en 2013, Axel Kahn a parcouru au printemps 2014 la France en diagonale : depuis la Pointe du Raz, en Bretagne, jusqu’à Menton et la Méditerranée, cette fois.
Tout diffère cependant entre ces deux périples, à commencer par la difficulté du second, qui s’est apparenté à une épreuve physique que le marcheur n’a pas toujours été certain de mener à son terme. Il a parcouru, souvent hors tout chemin balisé, 2 057 km, et, surtout, il a gravi 43 000 m... et descendu autant ! Cette fois, le périple a été un vrai « voyage au bout de soi », que des genoux douloureux et une épaule déboîtée ne sont pourtant pas parvenus à écourter. Un voyage intérieur, aussi.
Par ailleurs, les régions traversées cette année sont apparues moins éprouvées par les crises que celles du nord-est de la France, leur dynamisme mieux conservé semblant aller de pair avec la vigueur de l’attachement des habitants à l’identité de leurs territoires.
Comme
Pensées en chemin,
Entre deux mers est un récit de voyage passionnant, poétique et drôle, celui d’un marcheur épris de beauté. Axel Kahn ne manque aucune occasion de rencontres et de débats, à chaque étape. Son livre est riche de réflexions politiques sur la France réelle, celle des gens, ses difficultés mais aussi ses atouts et ses espoirs.
Extrait
Se remettre en chemin
D'une diagonale à l'autre
Chemin faisant entre les Ardennes et la côte basque, je me suis senti si bien de mai à août 2013, mon corps et mes pensées en telle harmonie avec mes aspirations, les émotions ressenties au contact des paysages, des chefs-d'oeuvre du patrimoine et au fil des rencontres m'ont procuré une telle impression de joie qu'il m'a semblé être alors heureux. De plus, mon désir de partager mes observations et sensations en temps réel, sans attendre la publication ultérieure d'un ouvrage d'emblée programmé, a été comblé : des dizaines de milliers de personnes m'ont accompagné au quotidien sur les réseaux sociaux.
Dès mon départ, le 8 mai de Givet, à la frontière belge et sur la Meuse, j'ai pris conscience de l'ampleur des difficultés auxquelles étaient confrontées des populations victimes de l'impressionnante désindustrialisation du pays et me suis alors rendu compte que la quête de la beauté et le partage de mes émotions ne suffiraient pas à résumer mon parcours. Je me suis de ce fait efforcé aussi de comprendre la genèse des crises successives qui ont si cruellement ravagé ces territoires, d'en analyser les répercussions socio-économiques, psychologiques et politiques. Celles-ci sont marquées par la montée en puissance progressive d'une «sécession» des populations vis-à-vis du discours politique raisonnable et ronronnant des partis politiques de gouvernement, associée à un vote croissant en faveur d'un parti nationaliste d'extrême droite, le Front national. J'ai cherché à comprendre les ressorts du phénomène et à imaginer ce qui pourrait l'enrayer.
La situation économique m'est apparue la plupart du temps meilleure dans le grand Sud-Ouest que dans le nord-est et le centre du pays ; j'ai tenté d'identifier les raisons de la résistance relative de ces territoires aux crises qui ailleurs ont fait des ravages difficilement réversibles, de l'allant mieux conservé ou plus vite retrouvé de leurs populations. L'une d'entre elles m'apparaît être la vigueur de l'attachement au terroir, à la région et la fierté qu'elle engendre. Cette observation suggère que la transposition au niveau national d'un tel sentiment de fierté partagée d'appartenir à ou d'être accueilli par la «France belle» dont je me suis efforcé de vanter les attraits serait de nature à accroître les chances du pays de rebondir après les vagues successives de désindustrialisation qui l'accablent depuis des décennies.
Biographie de l'auteur
Axel Kahn, médecin et généticien, est également un essayiste renommé. Il a notamment publié chez Stock
Pensées en chemin : ma France des Ardennes au Pays basque et
Entre deux mers : voyage au bout d