Le Pitch
Présentation de l'éditeur
L'attaque terroriste du 11 septembre 2001 contre les États-Unis marque un tournant de l'Histoire et inaugure tragiquement une nouvelle ère, celle du nihilisme triomphant.
La catastrophe était d'ailleurs loin d'être "inimaginable". Seule une réussite aussi complète était imprévisible. La littérature, le cinéma et la télévision nous avaient déjà fait vivre de telles scènes. Dostoïevski et Tchékov se sont intéressés à la menace du terrorisme idéologique: la fiction avait prévu ce que les experts militaires n'avaient osé imaginer. Il n'en est pas moins difficile de comprendre cet acte d'une telle violence. Afin d'analyser, pour reprendre Marx, "ce spectre qui hante désormais la planète", il nous faut d'abord éteindre l'incendie mental que la catastrophe a fait naître, puis réduire l'inexplicable en le confrontant au connu, au commun. "Je tue donc je suis" est la devise nihiliste. Tel Raskolnikov assassinant l'usurière pour se convaincre qu'il est maître de ses actes, le nihiliste se caractérise par son goût de la destruction pour la destruction ainsi que par la joie que lui procure le malheur des autres. Cette victoire nihiliste marque la fin de la guerre interétatique, des conflits classiques si bien analysés par Raymond Aron. Le terrorisme signe l'assomption mondiale d'une violence beaucoup plus diffuse, latente et universelle, sans visage et sans revendication. La violence l'emporte désormais sur la guerre à travers de nouvelles cibles (les Twin Towers, les deux bouddhas de Bamiyan, la bibliothèque de Sarajevo...). Face au nihilisme dont les principes fondamentaux sont la corruption, la terreur et la destruction, les hyperpuissances sont aussi des hyperimpuissances. André Glucksmann est l'un des philosophes européens les plus célèbres de notre époque. Dès son "Discours sur la guerre" (1967), il s'est intéressé à l'étude philosophique du conflit et de la violence. Intellectuel voyageur, son expérience du terrain (récemment en Algérie et en Tchétchénie) et sa réflexion, en s'enrichissant mutuellement, donnent à ses ouvrages une force et une profondeur incomparables.
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On les voyait de loin, repères emblématiques d'une ville qui désorientait ses visiteurs par sa vertigineuse vitalité. Elles étaient les symboles d'une Amérique triomphante et sûre de sa puissance. Les
Twin Towers laissent aujourd'hui plus qu'un vide : sous l'insoutenable nuage de mort qui n'en finit pas de se dissiper, c'est un espace de questionnement inédit,
Ground Zero d'une réflexion sur notre civilisation et sur la haine qu'elle suscite qui s'est ouvert. On a d'abord cédé à la facilité du schéma de la confrontation entre l'islam et la chrétienté (
Le Choc des civilisations, de Samuel Huntington). On s'est aussi très vite demandé si Manhattan n'avait pas fait les frais d'un anti-américanisme fondé sur l'hégémonie arrogante de Wall Street ou sur la politique étrangère de la Maison Blanche. Des analyses plus profondes – comme celle de Jean Baudrillard
L'Esprit du terrorisme, d'Arundhati Roy
Ben Laden, secret de famille de l'Amérique ou de Guillaume Dasquié et J.-C. Brisard
Ben Laden, la vérité interdite – ont toutefois permis de mettre en perspective le terrorisme du 11 septembre au sein des contradictions inhérentes à la civilisation occidentale elle-même. C'est également, mais d'une autre façon, une généalogie européenne du terrorisme d'Al Qaida, que nous propose ici André Glucksmann. Son berceau ? La Russie de Dostoïevski, Pouchkine ou Tchekhov. Son nom : le nihilisme. Sa définition : la négation du mal. Ses adversaires : Flaubert, Marx. Ses grandes figures : Emma Bovary, Napoléon, Rotschild... Ses lieux : Vukovar, Grozny, New York... Ses héritiers : Ben Laden, Vladimir Poutine et tant d'autres tristes partisans de la guerre d'extermination.
André Glucksmann nous livre dans ce
Dostoïevski à Manhattan des analyses audacieuses qui marquent une étape importante dans la méditation post-traumatique des événements