Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Gjirokastër – la « ville de pierre » au sud de l’Albanie – voit déferler les troupes allemandes qui remontent de la Grèce envahie. À leur tête, un colonel nazi qui a fait ses études en Allemagne avec un dignitaire de la ville, le docteur Gurameto. Le colonel von Schwabe retrouve avec effusion son ex-condisciple qui l’invite à dîner. Or, des maquisards ouvrent le feu sur l’avant-garde des blindés allemands . En représailles, les nazis raflent des otages parmi les habitants de la cité. Le docteur Gurameto se sent contraint durant le souper avec l’état-major allemand de convaincre le colonel de les libérer - y compris un pharmacien juif- sous peine de passer pour traître aux yeux de la population. Il obtient gain de cause. Une fois la guerre terminée et le communisme instauré, cette affaire revient sur le tapis. Au moment où dans tout le bloc communiste la paranoïa stalinienne atteint des sommets, la libération du pharmacien juif par le colonel nazi désigne Gjirokastër comme un noyau du grand complot planétaire visant à décapiter les pays socialistes… Quelle est la clé de l’énigme du fameux dîner ? Et si l’invité du docteur Gurameto n’avait été autre qu’un mort ? Brassant avec une virtuosité encore jamais atteinte balades balkaniques, chroniques de sa ville natale et charges tragi-comiques contre les dictatures défuntes (l’ottomane, la fasciste, la communiste…), Ismail Kadaré donne ici un roman qui le montre au sommet de son art. À propos de L’Accident (Fayard, 2008). « Kadaré poursuit les mirages d’une réalité toujours fuyante. Il s’en sort par des pirouettes de génie et en se raccrochant solidement à la littérature. » Alexis Broca, Le Magazine littéraire
Revue de presse
Le Dîner de trop, c'est le dîner avec le convive de pierre, le dîner avec la mort, le jeu de masques qui aboutit à la disparition de ceux qui y participent...
Le Dîner de trop parvient à élever la plus sordide réalité contemporaine - l'Albanie sous le joug communiste, les interrogatoires sanglants, les exécutions - au niveau du mythe. Le ton de Kadaré passe naturellement de la cruauté froide, clinique, lorsqu'il décrit les tortures, à la pure poésie, lorsqu'il rattache cette triste histoire aux anciennes légendes balkaniques. La bouffonnerie est présente, elle aussi, une bouffonnerie glacée qui n'est pas sans évoquer le Marcel Aymé d'Uranus, dans la description des mécanismes de la dictature, aussi absurdes qu'implacables...
Avec Kadaré, on le répète, la critique politique atteint la richesse des plus anciens mythes. (Christophe Mercier - Le Figaro du 3 septembre 2009)
Et, pour lutter contre l'oubli, rappeler ce que fut l'Albanie, il faut parfois un roman qui sache jongler avec les faits comme avec l'invraisemblable. Le Dîner de trop, d'Ismaïl Kadaré, écrivain qui se fit connaître en 1963 avec Le Général de l'armée morte, est donc un conte qui s'empare de la réalité avec une liberté où le loufoque et l'humour voisinent avec l'exactitude historique...
Avec cette fresque impitoyable et absurde, où les mensonges deviennent vérité et où les hommes ne sont que des pions d'autres hommes, Kadaré, le magicien de Gjirokastër, est le romancier d'une Histoire qui ne doit pas disparaître. (Gilles Heuré - Télérama du 9 septembre 2009)
Kadaré y raconte les troubles d'un pays qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, se trouve tiraillé dans ses choix politiques. Nous sommes au coeur des Balkans. L'Empire ottoman a été détruit...
Kadaré choisit ici de raconter la "grande" Histoire par la "petite", celle de la coexistence difficile des deux principaux médecins d'une même ville, Gjirokastër, dans le sud du pays...
Dans ce "complot des blouses blanches" version albanaise, Ismaïl Kadaré mêle avec virtuosité toutes les légendes et les déchirements de son pays. Il offre aussi au lecteur une charge tragi-comique contre toutes les dictatures qu'il a connues, l'ottomane, la fasciste et la communiste. Une charge teintée d'humour