Le Pitch
Présentation de l'éditeur
« À quel moment t'as du courage, hein ? À quel moment tu prends des risques ? Si j'étais pas amie avec toi, tu serais complètement paumée ! J'ai pitié de toi, tiens ! » Sous la violence de l'attaque, Bérénice a préféré s'enfuir. Mais elle doit admettre que sa meilleure amie, Ménine, a visé juste. Bérénice sait qu'elle n'est pas sociable et plutôt solitaire, le genre de fille qui n'a jamais très bien fait du vélo et qui ne dit jamais bonjour la première. Tout le contraire de Ménine ! Bérénice pourrait faire machine arrière, dire une blague, se réconcilier avec son amie, mais elle préfère la tenir à l'écart de sa vie. Pour la première fois, Bérénice a envie de s'aventurer seule, de suivre les injonctions tracées à la bombe sur les murs de la ville. Déclarations de guerre ou d'amour, des tags ont fleuri jusque sur le portail du collège. Ils sont signés Suzuki, du nom d'un héros de manga japonais. Et personne ne connaît son identité...
Extrait
Dimanche 3 septembre
Un velux ouvert sur le ciel, pas très loin de la mer. En bas, les bruits de la rue Rabelais. Le vieil immeuble au numéro 6 bis. Les colonnettes dans l'entrée. La cour. L'escalier. Au deuxième étage, madame Lutérani repasse devant sa fenêtre ouverte. Juste au-dessous vit Kader. J'entends le sifflement d'une cocotte-minute. Je ne sais pas ce qui cuit. Le linge de madame Lutérani s'égoutte sur le rebord de la fenêtre de Kader. Parfois il arrive qu'un mouchoir ou une culotte tombe. Alors monsieur Lutérani descend en râlant, et Kader ouvre sa porte et lui tend le linge mouillé en disant : «Vous ne me dérangez pas.» Lorsque le linge tombe tout en bas dans la cour, monsieur Lutérani descend en râlant encore plus fort, et madame Lutérani sourit. Au premier étage vivent également Ménine et ses parents. Je ne connais pas les locataires du rez-de-chaussée. Ils changent tout le temps. Posés sur leur fenêtre, des coquillages et un verre d'eau sale avec des pinceaux : tout cela doit appartenir à un très petit enfant. Dans une jardinière au fond de la cour, au milieu des arums, sommeille Cloche, le chat blanc qui n'appartient qu'à lui-même et au vieil escalier, et aussi un peu à madame Lutérani. Moi, je suis là, tout là-haut, entre la terre et le ciel, au dernier étage. H fait chaud. Un oiseau invisible chante. Il va bientôt être midi. Je viens de deviner ce qui cuit dans la cocotte-minute. Ce sont des poireaux. Madame Lutérani débranche son fer. Je m'en souviens, j'avais sept ans hier, et demain j'en aurai cent, mais à cet instant, là, j'en ai quatorze, et c'est ce que je suis en train d'écrire, là, à cet instant. Bonjour, j'ai quatorze ans, ce journal vient de commencer, et je m'appelle...
- Bérénice...
- Quoi ?
Ménine est allongée sur mon lit, juste sous le velux ouvert, comme ça elle peut bronzer et lire son magazine en même temps. Tout à coup, elle le pose à côté d'elle et s'assied, l'air d'en avoir gros sur le coeur.
- Merde. Tu réalises ? C'est fini. On va remettre des chaussettes.
Je continue à écrire.
- On va enfiler des pulls. On aura les lèvres gercées sous le gloss. La nuit tombera au milieu de l'après-midi. La mer sera froide. On deviendra pâles. Tu m'écoutes ? Qu'est-ce que tu écris ?
Je ferme mon cahier. M'étire.
Quatrième de couverture
« À quel moment t'as du courage, hein ? À quel moment tu prends des risques ? Si j'étais pas amie avec toi, tu serais complètement paumée ! J'ai pitié de toi, tiens ! » Sous la violence de l'attaque, Bérénice a préféré s'enfuir. Mais elle doit admettre que sa meilleure amie, Ménine, a visé juste. Bérénice sait qu'elle n'est pas sociable et plutôt solitaire, le genre de fille qui n'a jamais très bien fait du vélo et qui ne dit jamais bonjour la première. Tout le contraire de Ménine ! Bérénice pourrait faire machine arrière, dire une blague, se réconcilier avec son amie, mais elle préfère la tenir à l'écart de sa vie. Pour la première fois, Bérénice a envie de s'aventurer seule, de suivre les in