Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Dans un hameau du centre de la France, au début des années 1930, un vieil homme se souvient.
Après avoir beaucoup voyagé dans sa jeunesse, Silvio se tient à l'écart, observant la comédie humaine des campagnes, le cours tranquille des vies paysannes brusquement secoué par la mort et les passions amoureuses. Devant lui, François et Hélène Érard racontent leur première et fugitive rencontre, le mariage d'Hélène avec un vieux et riche propriétaire, son veuvage, son attente, leurs retrouvailles.
Lorsque leur fille Colette épouse Jean Dorin, la voie d'un bonheur tranquille semble tracée. Mais quelques mois plus tard, c'est le drame. La noyade de Jean vient détruire la fausse quiétude de ce milieu provincial. L'un après l'autre, les lourds secrets qui unissent malgré eux les protagonistes de cette intrigue vont resurgir dans le récit de Silvio, jusqu'à une ultime et troublante révélation... Situé dans le village même où Irène Némirovsky écrira Suite française, mais entrepris dès 1937, ce drame familial conduit comme une enquête policière raconte la tempête des pulsions dans le vase clos d'une société trop lisse.
Complet et totalement inédit, ce nouveau roman d'Irène Némirovsky refait surface près de soixante-dix ans après sa composition.
D'origine juive ukrainienne, Irène Némirovsky, née en 1903 à Kiev, connaît le succès dès son premier roman, David Golder (1929), puis avec Le Bal (1930). Après l'exode, elle se réfugie dans un village du Morvan avant d'être arrêtée par les gendarmes français puis assassinée à Auschwitz pendant l'été 1942. Son dernier roman, Suite française, a obtenu le prix Renaudot en 2004.
Extrait
Extrait de la préface :
Les paradis perdus d'Irène Némirovsky
Elle avait quinze ans et ses poèmes féeriques la soustrayaient au grand ennui blanc de Mustamäki, villégiature finlandaise transformée en radeau de la riche société de Saint-Pétersbourg, le temps d'une révolution. Ses parents avaient fui la terreur bolchevique ; elle rêvait - en vers - à la revanche de Blanchette :
Petite chèvre pâturant dans la montagne,
Galya est si heureuse de vivre.
Le loup gris avalera la petite chèvre
Mais Galya, elle, avalerait toute une armée...
Le 6 décembre 1937, presque vingt ans après, Irène Némirovsky rouvre l'étroit calepin noir, témoin de ses premiers efforts littéraires. Elle y retrouve ce quatrain et se commente avec tendresse : «Si jamais vous lisez ceci, mes filles, que vous me trouverez bête ! Que je me trouve bête moi-même à cet âge heureux ! Mais il faut respecter son passé. Je ne déchire donc rien.» Quelques mots à l'encre noire pour sceller ses retrouvailles avec l'adolescente qui n'était alors plus tout à fait russe, ni déjà française, ni consciemment juive.
Elle ne déchire donc rien et se met aussitôt en quête de sujets neufs, soigneusement numérotés de 1 à 27. Déjà en 1934, peu après la mort de son père, une prospection dans les vestiges de son enfance lui avait fourni la matière de trois romans et quelques nouvelles, tous esquissés pêle-mêle dans un manuscrit proliférant, mi-brouillon mi-journal, baptisé «le Monstre». Quatre ans plus tard, ce fabuleux animal est exsangue. De ses flancs sont nés «Les Fumées du vin '», Le Vin de solitude, Jézabel et même Deux, qui sera publié en 1938. La pleine maturité de son oeuvre.
Revue de presse
Mais cette histoire racontée par le vieux Silvio, patriarche d'une famille dans une campagne où l'ennui le dispute à la mesquinerie, où les mariages sont arrangés et les passions tenues au secret, possède tout le charme d'un roman de Mauriac. L'atmosphère, presque poisseuse, est rendue avec une formidable minutie. On retrouve dans ce récit bref et intimiste les éclats du style Némirovsky. (Delphine Peras - L'Express du 8 mars 2007 )
Dans ce dernier récit, la romancière Irène Némirovsky dépeint la province française, où elle a vécu ses derniers mois, avant d'être déportée en 1942...
Chaleur du Sang est encore un des beaux legs d'Irène