Le Pitch
Présentation de l'éditeur
La guerre économique est partout. Elle oppose les États entre eux, les entreprises entre elles, les États aux entreprises, les marchés aux États… Ses champs de bataille sont sans limites. Subventions déguisées, espionnage industriel, guerre de l’information, manipulation des monnaies, évasion fiscale… tous les coups sont permis. Les tensions montent et la tentation du protectionnisme revient en force.
Hier, la guerre économique était totalement ignorée. Ceux qui osaient en parler passaient, au pire, pour des adeptes de la théorie du complot, au mieux, pour des incultes en matière économique. Pas étonnant, car la guerre économique est rejetée aussi bien par les libéraux que par les penseurs de la gauche et de l’extrême gauche.
Or, comme le montre l’auteur, dans cette investigation généalogique, ses racines intellectuelles et philosophiques sont très anciennes. Elles puisent dans les textes des grands auteurs depuis Sun Tzu jusqu’à Raymond Aron en passant par Rousseau, Hobbes, etc., pour aboutir à sa forme contemporaine. La guerre économique n’est pas une idéologie. Elle n’est que le symptôme d’un nouveau malaise de la civilisation.
Ali Laïdi, docteur en science politique, chercheur à l’IRIS, est chroniqueur à France 24, chargé du journal de l’intelligence économique. Il a récemment publié
Les États en guerre économique, Le Seuil, 2010, prix Turgot IES.
Extrait
Extrait de l'introduction
La guerre économique est partout. Elle oppose les États entre eux, les entreprises entre elles, les États aux entreprises, les marchés aux États... Bref, elle fait rage et ses champs de bataille sont sans limites. États et entreprises n'hésitent pas à recourir aux méthodes les plus déloyales et les plus illégales pour protéger leurs marchés ou en conquérir d'autres. Subventions déguisées, espionnage industriel, guerre de l'information, infiltration chez les concurrents et dans les ONG, recours aux services de sécurité et de renseignement, mise sur écoute des délégations commerciales, manipulation des monnaies, évasion fiscale... tous les coups sont permis. Les tensions montent et la tentation du protectionnisme revient en force.
La guerre économique est partout. Hier, elle était totalement ignorée et ceux qui osaient en parler passaient au pire pour des adeptes de la théorie du complot, au mieux pour des incultes en matière économique. Aujourd'hui, elle est dans toutes les bouches, celles des responsables politiques, des économistes, des journalistes et même des publicitaires... Tous en parlent quotidiennement et ouvertement depuis la crise économique mondiale de 2008. Pourtant, il y a encore quelques années, les mêmes prétendaient qu'elle n'existait pas.
Face à ses ravages, ils ne peuvent plus la nier et continuer à vendre la seule fable d'une mondialisation heureuse. La concurrence a transformé le commerce en champ de bataille. L'expression est même entrée dans le langage des économistes libéraux les plus septiques. En France, le Cercle des économistes, autrefois dubitatif envers la guerre économique, en parle à présent explicitement. Il suffit de lire les titres des nombreux ouvrages qu'il a publiés depuis la crise mondiale de 2008 : Qui capture l'État ? ; La Fin de la dictature des marchés ? ; Hedge funds, private equity, marchés financiers : les frères ennemis ? ; La Guerre mondiale des banques ; La Guerre des capitalismes aura lieu.
Même le prix Nobel d'économie 2008, Paul Krugman, qui moquait le concept de guerre économique dans l'un de ses ouvrages est obligé de reconnaître ses ravages. Dans un édito au New York Times, il appelle son pays à prendre des sanctions économiques contre la Chine qu'il accuse de manipuler sa monnaie pour mener la guerre commerciale contre ses concurrents.
Les fronts prolifèrent
Les mots font peur et pourtant ils reflètent bien une réalité. La guerre n'est pas réservée au champ militaire. Elle est aussi économique. Elle l'a toujours été comme nous le verrons plus loin.