Le Pitch
Présentation de l'éditeur De nos jours, il semble acquis que le patient est un individu doté d'un véritable pouvoir de décision fondé sur une information complète de la part du corps médical. Il semble, au terme de cette étude, qu'il faille réinterroger ce qui paraît être une évidence acquise : on assiste davantage à des affirmations sur l'évidente nécessité de cette information que sur une réalité. Le but de cet ouvrage est donc d'analyser la réalité de cette information dans la relation médecins-malades. Quelle est la nature de l'information, comment est-elle donnée, comment le malade la comprend-il, quelle est la possibilité de la part du malade d'accéder à une information complète et accessible, comment cette information peut-elle induire des choix thérapeutiques ? Une analyse passionnante qui nous concerne tous. Extrait Extrait de l'introduction : «Le philosophe Cretois Épiménide dit : "Tous les Crétois sont menteurs." S'il dit la vérité, alors, c'est un menteur puisqu'il est Crétois ; il ne dit donc pas la vérité. Il est donc, lui aussi, un menteur. Il dit donc la vérité. Par conséquent, les Crétois ne sont nullement des menteurs. D'où il s'ensuit qu'Épiménide n'en est pas un non plus. Il a donc menti...» Paradoxe du menteur, imaginé par Euclide S'il est de mise aujourd'hui de s'intéresser à la question de l'information - tant notre époque se caractérise par sa glorification et en traduit l'obsession - et de poser cette question dans le cadre de la relation médecin/malade, il est moins convenant d'interroger la véritable nature de cette information et en particulier ses liens avec la vérité. Mais il est encore plus délicat, voire totalement irrévérencieux, d'aborder un sujet tel que le mensonge, surtout lorsqu'on choisit d'examiner aussi bien les mensonges perpétrés par les médecins à l'égard des malades que ceux qu'accomplissent les seconds à l'égard des premiers, les plaçant résolument sur le même plan anthropologique, c'est-à-dire en tant que phénomène social. Le mensonge est une pratique pourtant courante au sein de cette relation dans laquelle chaque protagoniste est amené à délivrer des informations à l'autre, en vue d'une prise en charge optimale de la maladie. Quelle place le mensonge occupe-t-il dans la relation médecin/malade et dans l'échange d'informations entre eux ? Quelle est la nature de l'information reçue par le malade sur son mal, et quelle est la nature de l'information qu'il souhaite ? Comment s'effectue cette recherche d'information dans le cadre de la relation médecin/malade, et comment lui est-elle donnée ? Quelle perception le malade a-t-il de cette information et de la manière dont elle est réalisée dans le cadre de ses relations avec les médecins ? Quelle est la place de l'information dans ses choix thérapeutiques ? Telles sont les questions qui ont guidé cette recherche, au fondement de laquelle réside un constat : la disparité, voire la contradiction, entre les discours des malades qui se plaignent de ne pas être informés sur leur état, et le discours des médecins qui affirment que les patients ne veulent pas savoir ce qu'ils ont. Le but de cette recherche a été à la fois de faire émerger les conditions de l'information du malade et de comprendre ce qui se joue, à l'intérieur de la relation médecin/malade, autour de cet enjeu qu'est l'information du malade - autrement dit, de mesurer la perception et la réalité de la relation que les individus entretiennent avec l'autorité médicale. Biographie de l'auteur Sylvie FAINZANG, anthropologue, directeur de recherche à l'Inserm, est membre du Cermes (Centre de médecine, sciences, santé et société). Elle a publié plusieurs ouvrages dont Ethnologie des anciens alcooliques (Puf, 1996) Médicaments et société (Puf, 2001).