Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Depuis le déclin du paganisme au VIe siècle après J.-C. jusqu'au XVIIe siècle, les dieux grecs ont connu diverses formes de survie, dans l'art comme dans la pensée. Cet ouvrage montre la façon dont cela s'est opéré : qu'il s'agisse de changement dans l'apparence, la signification demeurant plus ou moins la même, ou, inversement, de nouveaux contenus donnés à une apparence inchangée. La thèse de Jean Seznec est que la Renaissance, plus que d'avoir fait revivre des formes oubliées, a, sur ce plan du moins, réalisé la synthèse de formes et de significations qui n'avaient jamais disparu. La survivance des dieux antiques est l'un des grands classiques de l'histoire des faits de civilisation.
Jean Seznec (1905-1983) était un universitaire français, historien de l'art et de littérature, spécialiste de mythographie. Il a enseigné à l'université de Harvard où il occupa le poste de président du département des langues et littératures romanes, puis à Oxford où il détint la chaire de littérature française.
Extrait
Extrait de l'introduction
Le titre de ce travail appelle quelques éclaircissements.
L'antithèse traditionnelle entre le Moyen Âge et la Renaissance s'atténue à mesure que l'on connaît mieux l'un et l'autre : le premier apparaît «moins sombre et moins statique», la seconde «moins brillante et moins soudaine».
On s'aperçoit surtout que l'Antiquité païenne, loin de «re-naître» dans l'Italie du XVe siècle, avait survécu dans la culture et dans l'art médiéval ; les dieux eux-mêmes ne ressuscitent pas ; car jamais ils n'ont disparu de la mémoire et de l'imagination des hommes.
De nombreux travaux, au cours de ces dernières années, ont étudié les raisons et les modes de cette survivance.
Nous cherchons à reprendre ici cette enquête en la développant suivant un plan nouveau, et en la poussant beaucoup plus loin, c'est-à-dire non pas jusqu'à l'aube de la Renaissance, mais jusqu'à son déclin.
Nous n'avons pas pris pour centre de notre étude ces foyers d'humanisme médiéval où la lecture des textes antiques et la vue des vestiges de l'art païen entretenaient dans l'esprit des clercs et dans l'imagination des artistes le souvenir des anciens dieux : sur la question ainsi posée, et limitée à la France, la thèse de M. Jean Adhémar a récemment apporté les plus intéressantes précisions.
Nous envisageons le problème sous un angle différent ; nous cherchons à démontrer que les dieux ont survécu, au Moyen Age, dans des systèmes d'idées déjà constitués à la fin du monde païen. Il s'agit des diverses interprétations proposées par les Anciens eux-mêmes pour expliquer l'origine et la nature de leurs divinités.
«Il n'est pas trop aisé, observe Fontenelle dans l'histoire des Oracles, de dire comment les peuples payens regardoient leur religion». De fait, dès le moment où ils commencent d'en raisonner, ils laissent paraître un grand embarras. Car «le mythe n'a réellement toute sa signification qu'aux époques où l'homme croit vivre encore dans un monde divin, sans notion bien distincte des lois de la nature : or, longtemps avant la fin du paganisme, cette naïveté première avait disparu». L'effort des mythographes modernes, depuis le XIXe siècle, est précisément de ressaisir, à travers la philologie et l'anthropologie, cette mentalité primitive, et de reproduire en eux les intuitions des premiers âges.
Quatrième de couverture
Depuis le déclin du paganisme au VIe siècle après J.-C. jusqu'au XVIIe siècle, les dieux grecs ont connu diverses formes de survie, dans l'art comme dans la pensée. Cet ouvrage montre la façon dont cela s'est opéré : qu'il s'agisse de changement dans l'apparence, la signification demeurant plus ou moins la même, ou, inversement, de nouveaux contenus donnés à une apparence inchangée. La thèse de Jean Seznec est que la Renaissance, plus que d'avoir fait revivre des formes oubliées, a, sur ce plan du moins, réalisé la synthèse de formes et de significations qui n'avaient j