Le Pitch
Présentation de l'éditeur
4 juin 1989. Des milliers d'étudiants occupent depuis un mois la Place Tiananmen, et parmi eux, Dai Wei. Quand un soldat lui tire une balle dans la tête, le plongeant dans un coma profond, son corps devient sa prison, mais son âme se souvient : la honte quand son père dissident revient des camps, ses premières amours contrariées, la conscience politique qui s'éveille... Lorsque Dai Wei sortira du coma une décennie plus tard, se reconnaîtra-t-il seulement dans cette Chine pétrie de contradictions ? Histoire, mémoire, liberté, Beijing Coma explore les pierres angulaires de la société - les droits fondamentaux sans lesquels l'être humain ne pourrait survivre. Le chef-d'oeuvre de Ma Jian, qu'il a mis dix ans à écrire.
«Une fois par génération, un roman paraît qui remet profondément en question le regard que nous portons sur le monde et sur nous-mêmes. Beijing Coma est l'examen poétique non seulement d'un pays à un moment donné de son histoire mais du droit universel de se souvenir et d'espérer. C'est, à tous les points de vue, une oeuvre de fiction qui fera date.»
Daily Telegraph
Ma Jian a quitté Beijing pour Hong Kong en 1987, peu avant que ses livres soient interdits en Chine, et vit aujourd'hui à Londres. Il a publié quatre livres en France, dont Nouilles chinoises (Flammarion, 2006) et Chemins de poussière rouge (Editions de l'aube, 2005), qui fustige l'autorité abusive et l'hypocrisie au pouvoir en Chine, lui valant ainsi l'admiration du prix Nobel Gao Xingjian qui voit en lui «une des voix les plus importantes et les plus courageuses de la littérature chinoise contemporaine».
Traduit par Constance de Saint-Mont
Extrait
Par le trou où se trouvait le balcon couvert, tu vois le faux acacia qui a été abattu se relever lentement. C'est un signe évident que tu vas devoir prendre ta vie au sérieux à partir de maintenant.
Tu attrapes un oreiller que tu fourres dans ton dos, redressant ta tête de sorte que le sang de ton cerveau retourne au coeur, permettant à tes pensées de s'éclaircir un peu. Ta mère te relevait comme ça de temps à autre.
Les matins argentés sont toujours pleins de nouvelles résolutions. Mais aujourd'hui c'est le premier jour du nouveau millénaire, de sorte que l'aube en est plus pleine que jamais.
Bien que les gelées hivernales ne soient pas encore arrivées, la légère brise qui souffle sur ton visage te semble très froide.
Une odeur d'urine demeure encore dans la pièce. Elle suinte de tes pores quand le soleil tombe sur ta peau.
Tu regardes au-dehors. L'air matinal ne s'élève pas du sol comme hier. Il tombe du ciel sur la cime des arbres puis descend lentement à travers les feuilles, frôlant la lettre tachée de sang prise dans les branches, absorbant l'humidité à mesure qu 'il tombe.
Avant l'arrivée du moineau, tu avais presque cessé de penser au vol. Puis, l'hiver dernier, il s'est élevé dans le ciel et a atterri devant toi, ou sur l'appui de ta fenêtre. Tu savais que les fenêtres crasseuses étaient pleines de fourmis mortes et de poussière, et sentaient aussi mauvais que les rideaux, mais le moineau ne fut pas dégoûté. Il sauta à l'intérieur du balcon couvert et ébouriffa ses plumes, diffusant une douce odeur d'écorce dans l'air. Puis il pénétra dans ta chambre, atterrit sur ta poitrine et s'y posa comme un oeuf froid.
Quatrième de couverture
4 juin 1989. Des milliers d'étudiants occupent depuis un mois la Place Tiananmen, et parmi eux, Dai Wei. Quand un soldat lui tire une balle dans la tête, le plongeant dans un coma profond, son corps devient sa prison, mais son âme se souvient : la honte quand son père dissident revient des camps, ses premières amours contrariées, la conscience politique qui s'éveille... Lorsque Dai Wei, sortira du coma une décennie plus tard, se reconnaîtra-t-il seulement dans cette Chine pétrie de contradictions ? Histoire, mémoire, liberté, Beijing Coma explore les pierres angulaires de la société - les droits fondamentaux sans lesquels l'ê