Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Noël 1976. Le frère jumeau de Douglas meurt accidentellement sur une plage du Cap. Les liens qui unissaient la famille ne résistent pas longtemps à cette tragédie. Le père, rongé par la culpabilité, abandonne les siens. Douglas, fils désormais unique d'une famille blanche, aisée et progressiste, doit bientôt quitter le paradis où il a grandi pour s'installer avec sa mère dans une petite ville de la région aride de Karoo. Il se retrouve brutalement plongé dans une communauté où l'apartheid est présent au quotidien. En compagnie de Moses, un vieux garagiste noir privé de son laissez-passer qui poursuit son rêve envers et contre tout, et de la jeune Marika, une adolescente fantasque dont le père, raciste, est particulièrement violent, Douglas apprendra à surmonter les peurs et les disparitions qui ont marqué son enfance. Roman d'apprentissage, puissante métaphore de l'apartheid, Karoo Boy traite du deuil, de la perte et de la difficulté d'aimer avec un mélange singulier de délicatesse et de légèreté.
Extrait
MOUETTES.
Jour de Noël 1976 à Muizenberg, Le Cap. Le soleil de la mi-journée est brûlant. L'atmosphère est remplie de l'odeur d'huile solaire à la noix de coco et des travers de porc sur le braai. La fumée s'élève vers les mouettes qui poussent leurs cris stridents dans le ciel. Sur la terre dure comme un vieux pneu, entre l'asphalte de la route et le sable de Sunrise Beach, nous, les hommes et les garçons du clan Thomas, nous jouons au cricket pieds nus. Le sol sous mes pas est bouillant et j'oscille d'avant en arrière, d'arrière en avant.
Mon père va lancer. Il frotte la balle en cuir contre son bermuda, afin qu'elle file mieux dans l'air. Il adore le cricket et il a de grands espoirs pour Marsden et moi, ses fils, et il espère qu'un de nous deux défendra les couleurs de la province un de ces jours.
Je suis un défenseur sur le bord du parking. Un bateau de sable, menacé par la balle dure comme de l'os, glisse entre moi et le guichet de cricket en boîtes de sauce tomate.
Oom Jan, mon oncle corpulent qui fait du vin dans le Simonsberg, tourne d'une main les travers de porc sur le braai, puis il lèche le gras sur ses doigts. Dans l'autre main, il tient une petite bouteille de Lion Lager. Quand le feu devient trop vif, il jette un peu de bière dessus.
Les femmes sont couchées sur des serviettes de plage à l'ombre des parasols que le vent fait onduler. Les filles sautent par-dessus les vagues au bord de l'eau, ou flottent sur des matelas pneumatiques.
Revue de presse
C'est un livre d'une beauté à couper le souffle, et tant pis pour les clichés et les grincheux, écrit par un homme intense et passionné. De passage à Paris, Troy Blacklaws s'est rendu au Harry's Bar, espérant croiser le fantôme d'Hemingway : "C'est un Dieu pour moi." Qui lui a légué le goût des phrases ciselées au plus près. Mais, outre Hemingway et Salinger, l'auteur auquel on pense forcément en lisant Karoo Boy est bien Camus, tant la scène d'ouverture renvoie à L'Etranger. Nous sommes en Afrique du Sud. C'est Noël. Le soleil tape. "L'atmosphère est remplie de l'odeur d'huile solaire à la noix de coco et des travers de porc." Douglas, le narrateur, et Marsden, son frère jumeau, jouent avec leur père au cricket. La balle heurte Marsden. Qui s'effondre, mort. "Les cris de ma mère font penser à un ciel rempli de mouettes au bec entrouvert." Rien désormais ne sera jamais comme avant...
Roman d'apprentissage, Karoo Boy est un long poème sur le deuil et l'exil, la perte et l'amour. Avec Marika, jeune fille effrontée qui se balade pieds nus et tente d'échapper à son père colérique et profondément raciste, Douglas découvre, plus que la sexualité, le désir...
Un peu à la manière de Fitzgerald, auquel il rend hommage, Troy Blacklaws mélange les sens, de sorte que l'on "entend" les couleurs et que l'on "voit" les sons. Aujourd'hui, fier que Karoo Boy ait d'abord été publié dans son pays d'origine - dans lequel il a reçu un ac