" Il y a pour moi un avant et un après Rwanda. En plus de quarante ans de journalisme, je croyais avoir beaucoup appris, je m'étais forgé ma petite philosophie à moi, à travers la diversité des événements. Chacun d'eux l'ébranlait plus ou moins, et finalement m'aidait à la consolider ou à la reconstruire. " "Dieu est absent de Goma", m'a dit un officier de l'opération Turquoise au milieu des camps de réfugiés hutus ravagés par le choléra. A Goma on poussait les morts au bulldozer. Goma, c'était le silence et c'étaient les regards des mourants. "Dieu est absent de Goma." Le silence de Dieu dans ce silence de la mort. On peut se croire solide dans ses convictions et se demander brusquement si elles ne vont pas s'écrouler. " Comment croire, quand l'homme massacre l'homme ? Au terme d'une longue carrière de journaliste, Noël Copin réfléchit sur ce qui fonde son engagement de chrétien. Comment penser, comment vivre la confrontation du religieux et du profane dans les domaines politique, social et spirituel ? En notre temps d'incertitudes, ce témoignage touchera tous ceux qui, croyants ou incroyants, refusent une morale toute faite. " Je n'ai pas perdu l'espérance, mais j'ai appris que l'espérance n'a de force que si elle a surmonté la tentation de la désespérance. Je n'ai pas renoncé à l'amour, mais j'ai appris que l'amour n'avait de force que s'il avait pris la mesure de la haine. Je ne me suis pas détourné de la foi, mais j'ai appris que la foi avait besoin pour grandir d'être ébranlée par le doute. "