Le loup est un demi-masque de velours noir. C'est aussi, en terme d'atelier, un " vice de fabrication ". C'est enfin l'animal féroce dont on sait le rôle en psychanalyse. Jack-Alain Léger, 35 ans et une oeuvre qui surprend par sa diversité - Selva oscura, Un ciel si fragile mais aussi Mon premier amour et Monsignore - a cherché dans cet autoportrait les causes de son déchirement intérieur. Pour dire sa vérité, il rejette les masques grossiers dont nous nous affublons tous mais garde un loup, ménageant cette part d'ombre qu'on ne peut entièrement dissiper. Jack-Alain Léger évoque son enfance dans un milieu petit-bourgeois qui, pour être d'extrême-gauche, n'était pas moins oppressant et répressif. Une éducation aberrante ne pouvait façonner qu'un être incomplet, fragile, affecté d'un vice de fabrication : d'un " loup ". Rassemblant ses souvenirs les plus lointains, usant des méthodes de la psychanalyse, sans complaisance ni pour lui ni pour les siens, Jack-Alain Léger décrit l'enfer de son adolescence et comment il parvint à transformer, à sauver littéralement de la folie le jeune homme maladif qu'il fut. On verra le rôle que jouèrent dans un tel travail la volonté, la passion de la littérature et de l'art. Ce récit autobiographique, dur, parfois insoutenable, se lit cependant comme un roman et même comme une sorte de roman policier. Le lecteur attentif découvrira de nombreuses correspondances entre cet Autoportrait au loup et Ocean boulevard qui paraît simultanément chez le même éditeur.