Le Pitch
Présentation de l'éditeur Que savons-nous de nos "proches" ? Lorsque Olga, malade, coupe brusquement toute communication avec son entourage, ne parle plus, ne regarde plus, ce sont ses filles qui ouvrent les yeux - sur ce qui les sépare. Dans cette famille en apparence si unie, chacune des quatre soeurs a, en effet, sa propre vision de la mort et sa propre vision de la mère. Les voilà renvoyées à leur enfance et confrontées à cette vérité : dans une famille, personne n'a eu la même mère. Parce que Olga, silencieuse, les yeux fermés, est en train de s'effacer, chaque fille découvre sur "le clan", un clan étrangement matriarcal, ce qu'elle ne savait pas ou n'avait pas voulu savoir - petits secrets qui recomposent peu à peu un puzzle géant dont aucune, jusque-là, n'avait détenu toutes les pièces. Françoise Chandernagor est l'auteur d'une dizaine de romans parmi lesquels L'allée du Roi, La Sans Pareille, La première épouse, L'enfant des Lumières et La chambre. Avec La voyageuse de nuit, elle revient à la peinture de la société contemporaine. Extrait Elle a fermé les yeux plusieurs mois avant sa mort. Même le personnel de Louis-Pasteur s'en est étonné quand, avant-hier, elle y est entrée en soins palliatifs : «Madame, s'il vous plaît, ouvrez les yeux ! Pourquoi fait-elle ça ?» Nous ne savons pas. L'épuisement ? Il paraît que non : avec un grand malade, la communication passe par le regard. Première explication : celle que notre père a reçue d'elle, comme une gifle. Il la conduisait aux toilettes. À l'époque, pour l'emmener de son lit - médicalisé - jusqu'au siège - adapté -, il fallait déjà deux personnes : l'une, devant, marchait à reculons, les bras de la malade posés sur ses épaules ; l'autre, placée derrière, soutenait le corps à la verticale. Maman ne tenait plus debout. Au sens propre. Quand on la levait, elle gardait, tout enraidie, la première inclinaison qu'on lui avait donnée; son dos, ses jambes, pouvaient former un angle aigu avec le parquet; par petites poussées, nous l'aidions à «ouvrir» l'angle. Un jour donc, comme Papa la guidait à reculons dans l'étroit corridor tandis que ma soeur Sonia, privée de visibilité, la poussait par-derrière, leur attelage se mit à tanguer; Papa, excédé, finit par lâcher : «Bon dieu, Olga, si tu ouvrais les yeux, ça nous aiderait ! Regarde-moi.» La réplique fusa, criée tout bas : «Je t'ai assez vu comme ça !» Nous avait-elle tous «assez vus comme ça» ? Même ses filles ? Elle nous punit : «Disparaissez !» Revue de presse Sur ce canevas à la Tchekhov ou à la Garcia Lorca s'ébauche cette subtile chronique familiale où se mêlent choses vues, entendues, vécues... Françoise Chandernagor l'affirme : elle ne pourra jamais «faire du Christine Angot ou du Colette», c'est-à-dire une littérature d'introspection. Malgré les nombreux clins d'oeil dispersés au fil du récit, nous conviendrons que cet ingénieux roman sur les relations mère-fille et entre soeurs est avant tout une oeuvre de fiction. Beaucoup plus gaie et riante qu'il n'y paraît. Et tout aussi universelle qu'elle le promet. (Marianne Payot - L'Express du 1er mars 2007 )Avec l'académicienne Goncourt, on prend son temps, on enroule les rubans, on bâtit des phrases solides comme des charpentes, on s'ennuie un peu - mais ce parfum d'encaustique n'est pas désagréable. Et pour dire la jalousie, les rancoeurs ou la haine-amour, qui couve dans le coeur des filles devenues «mère de leur mère», rien ne vaut le brouet des narrations à l'ancienne. Des premières règles aux avortements, des attouchements de l'adolescence à l'homosexualité ou aux doubles vies, c'est un manège intime qui tourne et tourne devant nous. Les femmes s'y reconnaîtront. Et les hommes - qui traversent ce gynécée en n'y laissant pas plus de traces qu'un oiseau dans le ciel - compléteront sérieusement leur éducation. (Jean-Paul Enthoven - Le Point du 15 mars 2007 ) Quatrième de couverture Que savons-nous de nos "proches" ? Lorsque Olga, malade, c