Comment résoudre les problèmes de surnatalité et de famine de l'Irlande ? En suivant la "Modeste proposition" de Jonathan Swift (1667-1745). "J'ai connu à Londres un Américain fort compétent, lequel m'a révélé qu'un bébé sain et bien nourri constitue à l'âge d'un an un plat délicieux, riche en calories et hygiénique, qu'il soit préparé à l'étouffée, à la broche, au four ou en pot-au-feu et j'ai tout lieu de croire qu'il fournit de même d'excellents fricassées et ragoûts." Entre éclats de rire féroces et compassion pour les plus démunis, quatre essais à l'humour noir décapant, redoutable antidotes à toute langue de bois, à toute bonne conscience facile, par l'un des plus grand satiristes irlandais du XVIIIᵉ siècle.Biographie de l'auteurJonathan Swift (1667-1745) est un écrivain irlandais né à Dublin. Orphelin de père, il est d'abord élevé par ses oncles jusqu'à la fin de ses études à Trinity College. En 1688, il quitte l'Irlande pour l'Angleterre, où habite sa mère, et entre comme secrétaire au service de sir William Temple, membre du Parlement, tout en poursuivant des études de théologie. Sir William meurt en 1699, Swift revient en Irlande en 1700 et mène alors une carrière publique de vicaire, d'écrivain, d'homme politique. Il publie ainsi en 1711 un pamphlet en faveur de la paix diffusé par le gouvernement anglais, La Conduite des alliés et du précédent ministère. Cette publication a lieu alors que la Guerre de Succession d'Espagne, impliquant plusieurs Etats européens, parmi lesquels l'Angleterre, fait rage depuis dix ans. Dans son Histoire des quatre dernières années du règne de la Reine Anne (1713), il fait oeuvre d'historien, traitant des négociations de la paix d'Utrecht, qui mettent fin à cette guerre. Même lorsqu'il se rapproche des cercles du pouvoir, Swift demeure un esprit indépendant. Le Conte du Tonneau et La Bataille des Livres, parus ensemble en 1704, constituent une satire des hommes politiques de son époque. Dans ses célèbres récits fantastiques, les Voyages de Cultiver, qui paraissent en 1726, il se livrera à une critique sévère et désespérée de l'humanité, de même que dans son Schéma intéressant et pratique pour l'aménagement d'un hôpital pour incurables, qu'il publiera en 1733, où il fustige la folie et la sottise de l'homme. Dans Les Lettres du Drapier (1724-1725), il s'élève contre l'autorisation accordée frauduleusement par le roi d'Angleterre à un certain William Wood de battre monnaie et de l'introduire sur le marché irlandais, au risque d'affaiblir davantage la fragile économie de cette contrée sous le joug de la couronne britannique. Ce pamphlet lui vaudra la mise à prix de sa tête, mais il obtiendra gain de cause, et l'Angleterre cédera finalement. La détresse du peuple irlandais lui inspire également de courts textes, dits "tracts irlandais", parmi lesquels les Dernier discours et suprêmes paroles d'Ebénezer Miston (1722), le Projet de distribution d'Insignes distinctifs aux mendiants (1737), ou encore la Modeste proposition concernant les enfants des classes pauvres (1729) - son pamphlet le plus connu. La froideur calculée presque intolérable de ce texte, l'injustice qu'il véhicule, si inhumaine qu'elle fait honte à l'administration britannique, à l'humanité
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