Le Pitch
Présentation de l'éditeur
«Gagner une guerre, c'est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt mon rayon...»
Gagner la guerre est le premier roman de Jean-Philippe Jaworski. On y retrouve avec plaisir l'écriture inimitable de l'auteur des nouvelles de Janua vera et don Benvenuto, personnage aussi truculent que détestable. Le livre a obtenu en 2009 le prix du Premier Roman de la région Rhône-Alpes et le prix Imaginales du meilleur roman français de fantasy.
Le livre a obtenu en 2009 le prix du Premier Roman de la région Rhône-Alpes et le prix Imaginales du meilleur roman français de fantasy.
Jean-Philippe Jaworski, né en 1969, est l'auteur de deux jeux de rôle : Tiers Age et Te Deum pour un massacre. Il conjugue une gouaille et un esprit des contes de fées à la Peter S Beagle avec l'astuce et le sens de l'aventure d'un Alexandre Dumas.
Extrait
Héros de la République
De tout temps les hommes pour quelque morceau de terre de plus ou de moins sont convenus entre eux de se dépouiller, se brûler, se tuer, s'égorger les uns les autres ; et pour le faire plus ingénieusement et avec plus de sûreté, ils ont inventé de belles règles qu'on appelle l'art militaire ; ils ont attaché à la pratique de ces règles la gloire, ou la plus solide réputation, et ils ont depuis enchéri de siècle en siècle sur la manière de se détruire réciproquement.
JEAN DE LA BRUYÈRE
À peine le temps de me pencher au-dessus du bastingage : mon dernier repas, arrosé de piquette, a jailli hors de mes lèvres. Il a suivi une trajectoire fétide avant de se perdre dans l'écume et les vagues. Encore convulsé par les haut-le-coeur, j'ai essuyé les filaments baveux qui me poissaient le menton. Deux toises plus bas, l'océan se soulevait et bouillonnait, cinglé en cadence par les longues rangées de rames.
Je n'ai jamais aimé la mer.
Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n'ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière; et c'est plus gras, c'est plus trouble et plus limoneux que le pot d'aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c'est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l'ivresse.
Je n'ai jamais aimé la mer, et ce n'était pas près de s'arranger. Tous les fiers-à-bras du château de poupe étaient en train de se payer ma tête. Les jeunes blancs-becs de l'aristocratie, les vieux enseignes des Phalanges, les quartiers-maîtres goguenards et le maître de manoeuvre au cuir recuit, tous : jusqu'à ce crevard de héros, le patrice Bucefale Mastiggia ! Pas un qui aurait eu la correction d'aller voir ailleurs. J'avais l'impression que la moitié de l'équipage ricanait sur la délicatesse de mon estomac. Benvenuto Gesufal, assassin émérite de la Guilde des Chuchoteurs, maître espion de son excellence le Podestat de la République, était en train de vider tripes et boyaux à grands hoquets clapoteux : sûr que ça vous gondolait son loup de mer. Même ces deux petits morveux, les mousses, me montraient toutes leurs dents de lait.
Revue de presse
Gagner la guerre est le premier roman de Jean-Philippe Jaworski. On y retrouve avec plaisir l’écriture inimitable de l’auteur des nouvelles de Janua vera et don Benvenuto, personnage aussi truculent que détestable. Prix du premier roman de la région Rhône-Alpes 2009, prix Imaginales du meilleur roman français de fantasy.
Quatrième de couv