En 1930, la société cairote soumise aux hiérarchies séculaires réprouve la liaison que Qasim bey Fahmi, riche aristocrate, entretient avec Ihsane, jeune roturière. Craignant le scandale, le bey cherche à acheter un mari complaisant pour sa belle. Étudiant pauvre à la nouvelle Université du Caire, Mahgoub Abd el-Dayim envie la jeunesse bourgeoise qu'il côtoie sur les bancs de la faculté. Ce contrat de mariage lui offre l'occasion d'échapper à sa condition. Il accepte sans scrupule le marché. Mais pareil projet a ses failles. Un parfum de déchéance enveloppe bientôt le ménage à trois.Fascinante peinture de la corruption, incarnée par des personnages inoubliables tels Al-Ikhshidi, l'homme de main du bey, La Belle du Caire est aussi un roman incisif sur l'amour, le désir et la jalousie.Biographie de l'auteurNaguib Mahfouz est né le 11 décembre 1911 dans le quartier d'al-Gamaliyya du vieux Caire. Il est le dernier-né d'une famille de la moyenne bourgeoisie, d'un père fonctionnaire. En 1930, Naguib Mahfouz est admis à la faculté de Lettres de l'université Fouad du Caire où il fait des études de philosophie et obtient, en 1934, sa licence. La période de ses études universitaires (1930-1934) est très agitée : toute la nation est en deuil après la mort de son leader, Saed Zaghloul (1927), devenu symbole de patriotisme et de nationalisme pour tout Égyptien. Son parti, le " Wafd " est une force redoutable contre le Palais Royal et les Anglais. Mahfouz adhère au parti sans toutefois prendre part aux actes de violence perpétrés contre le gouvernement. Naguib Mahfouz commence à écrire vers l'âge de 19 ans. Il publie dans la revue al-Majalla al-Jadida des articles traitant de littérature et surtout de philosophie parus de 1928 à 1936. Mais, trouvant que le roman était pour lui la forme d'écriture la plus appropriée, il décide de s'initier à la technique romanesque à travers la lecture de Joyce, Proust, Flaubert, Stendhal, Marivaux, les Russes, les Américains. Après un recueil de nouvelles où Mahfouz dépeint les traits de la société égyptienne à la veille de la Seconde Guerre mondiale, viennent trois romans historiques. Il y rejoint le mouvement littéraire de la " pharaonicité " où l'on décèle un certain romantisme consistant à glorifier l'Égypte contemporaine à travers la grandeur d'antan. Le public accueille mal ces romans. Il adopte alors le genre du roman réaliste (même s'il refuse ce terme) à arrière-plan socio-politique par lequel il s'attache à donner une image " synchronique " du peuple égyptien et plus particulièrement du Caire. Le nom de Naguib Mahfouz commence alors à être connu avec les romans qui sont publiés de 1945 à 1957. C'est sans conteste sa trilogie cairote (1956-1957) qui l'impose auprès de tous les lecteurs du monde arabe et lui vaut en Égypte le prix d'État (1957). Puis sept ans s'écoulent. Mahfouz garde désormais le silence. Devenu haut fonctionnaire d'État au ministère de la Culture, il garde en fait un silence " d'observation " par prudence, comme tous les grands écrivains d'alors : si la jeune révolution annonçait un bouleversement de la société égyptienne qui constituait la matière même de ses romans, Mahfouz ne pouvait qu'attendre le nouveau visage de celle qui allait naître. En 1959, il fait paraître un roman-feuilleton dans le journal Al-Ahram qui est salué comme un événement littéraire. Il y retrace l'histoire de l'humanité en donnant une interprétation différente de celle de la Bible et du Coran. Les autorités religieuses sont indignées. L'ouvrage est interdit. De 1961 à 1967, paraissent six romans et deux recueils de nouvelles. Mahfouz y dépeint les désillusions des Égyptiens et y stigmatise les abus du régime de Nasser. Puis vient la défaite de 1967 face à Israël. Mahfouz observe à nouveau le silence absolu durant deux ans. Les intellectuels vivent cette période comme une véritable crise
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