Lecture jeune, n°120 - Deborah Ellis, auteure canadienne de Parwana, une enfance en Afghanistan (LJ n° 102) et du Voyage de Parwana ( LJ n° 109) qui ont reçu de nombreux prix, avait séjourné en Afghanistan avant de se lancer dans l’écriture de ces deux romans. Elle a utilisé la même méthode pour ce documentaire, et s’est installée deux mois en Israël et dans les territoires palestiniens, fin 2002. Elle y a recueilli la parole d’enfants des deux bords, leur demandant « de parler de leur vie, de ce qui les rendait heureux ou malheureux, de ce qui leur faisait peur et de l’impact que la guerre avait sur eux ». Le livre débute avec la liste des 429 enfants et adolescents tués entre septembre 2000, début de la deuxième Intifada et mars 2003. Il propose ensuite une vingtaine de témoignages de jeunes Israéliens et Palestiniens, mis en perspective. Si une lueur d’espoir pointe parfois, l’ensemble dégage un réel pessimisme. Les deux communautés partagent la même profonde méconnaissance de l’autre, la même angoisse quotidienne et la même souffrance face à la violence. Certains semblent prêts à mettre en actes leur haine de l’autre, mais il en est encore qui osent rêver de la paix. Les Palestiniens semblent en plus grande difficulté matérielle : la multiplication des check-points et des couvre-feux, et la construction du mur pénalisent lourdement leur vie économique et sociale. La palette des opinions est très ouverte, le livre sans complaisance ni parti pris, le problème des attentats suicide n’est pas éludé. Certaines de ces pages exigent, compte tenu de la gravité des sujets, un minimum de maturité de la part du lecteur. On pourra utiliser avec profit ce livre en complément des fictions jeunesse parues sur le sujet, et dans le cadre de débats. Réseau de lecture : Notre revue a consacré un dossier aux visions du conflit israëlo-palestinien en mars 2005 (LJ n°113). ndlr Marie-Françoise Brihaye