Le Pitch
Biographie de l'auteur Charlie Fletcher a 47 ans, deux enfants et vit en Angleterre où il est scénariste pour le cinéma et la télévision. Stoneheart, premier tome d’une trilogie, est son premier roman. Le livre a reçu un accueil enthousiaste du public. Présentation de l'éditeur Les statues de Londres sont vivantes dans une réalité invisible au commun des mortels. Les seuls humains qui peuvent les distinguer sont ceux possédant le don inné de travailler la pierre et de ressentir sa mémoire, comme George et Edie. Les deux amis tentent d’arrêter le Marcheur, qui a pour ambition d'ouvrir un portail entre la terre et le néant pour prendre le contrôle du monde... et qui a capturé L'Artilleur. Les deux jeunes se mettent à sa recherche, mais George est brusquement enlevé par Spout la gargouille. Les chemins des trois compagnons sont désormais séparés... Extrait LES TÉNÈBRES PROFONDES Le Marcheur et l'Artilleur tombaient dans l'obscurité, précipités dans un abîme si profond que s'y était perdu jusqu'au souvenir de la lumière. Même sans rien distinguer de ce qui l'entourait, l'Artilleur savait qu'ils traversaient une succession de couches car, par éclairs, surgissaient des ténèbres encore plus insondables, clignotement en négatif qu'il sentait plus qu'il ne voyait. Puis ils heurtèrent quelque chose de solide et cette abominable plongée dans le vide cessa brutalement. Les genoux de l'Artilleur s'écrasèrent sur du gravier humide et, d'instinct, il tendit en avant sa main libre. Tout son bras fut ébranlé par un choc brutal contre une paroi invisible. Il en eut le souffle coupé. Il se sentait mal, plus mal qu'il ne l'avait jamais été, avec l'impression d'être livré tout entier à une poigne brutale qui lui arrachait le coeur et lui tordait les entrailles pour l'abandonner ensuite, pantelant. Le gravier crissa lorsque le Marcheur se remit debout à côté de lui. Rassemblant ses dernières forces, l'Artilleur balaya l'obscurité d'une main, mais ses doigts se refermèrent sur les ténèbres. Un gémissement de douleur lui échappa, et il s'obligea à refermer la bouche pour ne pas révéler son état. Pas question de donner au Marcheur ce plaisir. La lumière jaillit alors. La première chose qu'il vit, ce fut son casque métallique posé à l'envers, juste devant ses godillots cloutés. Puis son mollet droit dans une jambière qui évoquait celles des armures d'autrefois. Sur un vrai soldat, elle aurait été en cuir, mais, puisqu'il était une statue, elle était en bronze comme le reste de sa personne. Son mollet gauche, lui, était étroitement enveloppé dans des bandes molletières. Ses mains, avec leurs doigts épais et carrés étalés sur sa culotte d'uniforme, étaient posées sur ses cuisses. Il ramassa son casque, se redressa, lissa le devant de sa tunique et rajusta sa cape. Ce n'était pas vraiment une cape, d'ailleurs, mais le tapis de sol d'une tente individuelle ; posé sur ses épaules, maintenu par un bout de corde passé dans deux oeillets métalliques, il le protégeait des intempéries. Il coiffa son casque, droit dans ses bottes, vétéran de la Première Guerre mondiale usé par les batailles tel qu'il avait été sculpté. Sa bouche, en dépit de toutes ses bonnes résolutions, s'ouvrit de nouveau sous l'effet de la stupéfaction.